Du temps pour nous

Je, Toi, Nous…Lui : que chacun trouve sa place !

Le couple, aujourd’hui, est confronté à un double défi majeure : construire sa propre  identité, ce fameux « Nous »,  tout en travaillant et s’adaptant à la croissance d’une famille.

La bonne santé de la relation reste le garant nécessaire pour vivre ensemble dans la durée. Les couples qui se préparent au sacrement du mariage s’inscrivent dans cette perspective. Les  animateurs n’auront jamais de cesse de rappeler l’importance de cette entité relationnelle. Le « nous », du lien marital  peut croitre ou disparaître de la même façon que la Parole de Dieu dans la parabole du semeur.

Imaginons une graine semée, au printemps (début de la relation) dans une bonne terre équilibrée, ni trop basique ni trop acide, avec, de surcroit une bonne exposition à la lumière et un arrosage bien régulier, le résultat sera au rdv : une belle plante apparaitra qui donnera du fruit ! En capacité de grandir, s’épanouir et de réapparaitre plus fournie la saison suivante. Le « nous » n’existe que dans la mesure ou ses composants (les deux « je ») s’investissent dans le soin qu’ils lui portent. La relation, comme la plante, si elle n’est pas nourrie,  finira, à plus ou moins long terme, par se dessécher ou être arrachée par une tempête. L’ engrais indispensable,  pour s’assurer un « nous » fort c’est tout simplement que la relation occupe la première place  et cela dans l’esprit des deux conjoints à travers toutes les saisons de la vie du couple.

Au début du mariage il appartient au couple de prendre conscience que c’est à eux d’imprimer leur vitesse de développement. La sauvegarde de l’harmonie du couple dépend de la bonne gestion et du temps consacrés à leur famille respective, le travail, les amis, les loisirs et les enfants. Si l’un de ces postes occupe de manière récurrente une place prépondérante, c’est l’équilibre de l’ensemble qui est mis à mal et la relation se distend.

La traversée d’une vie de couple peut être comparée à l’ascension d’un sommet : le 1er de cordée c’est le couple conjugal, il est garant de la sécurité de l’ensemble de la cordée (la famille) s’il ne remplit que sa fonction parentale, il affaiblit l’ensemble. Cette faiblesse aura pour conséquence : une dépendance vis à vis des enfants, telle que, lorsque ces derniers quitteront le foyer, le couple sera vide. Ou bien l’enfant, avec le temps, deviendra le seul lien garant du couple ce qui peut gravement compromettre sa capacité d’autonomie.

Dès le début du mariage, le couple se doit d’être vigilant concernant la gestion du temps passé ensemble. L’Alliance contient en soi une triple promesse échangée : un sentiment d’amour mutuel, une décision que cela dure (tout au long de sa vie) et qu’il soit fécond (espoir d’enfant). Chacun part sur ce beau chemin commun avec un sac à dos chargé d’une histoire personnelle, plus ou moins lourde et très différente ce qui va imprimer le rythme de la marche du couple à toutes les étapes qu’il traversera (accueil des enfants, adolescence, départ des enfants, retraite…).

Dès le départ la vie du couple trouve son rythme sur des prés requis qui pèsent sur le quotidien :

  • Le poids de la famille d’origine (le temps consacré à chacune peut s’avérer comme un sujet de tension)
  • la prédominance du temps consacré au travail
  •  le temps personnel que chacun s’octroie (sorties/ weekend vécus séparés entre copains et copines ou loisirs personnels chronophages comme le golf, la chasse  ou autres…)

Quand le jeune couple fait le choix de privilégier des soirées sans leur conjoint avec les copains « d’avant » ou collègues de bureau. … tout cela constitue des menaces pour la bonne santé du lien. Sachant que le cadre du temps (24h) lui, reste incompressible, le couple a de forte chance de se désagréger s’il n’y prend garde. Il est bon de rappeler que l’équilibre et l’harmonie du couple dépend du temps que chacun lui consacre.

Rien n’est acquis tout se construit. 

La promesse échangée d’Alliance pour vivre et grandir doit s’incarner par du « bon temps» passé ensemble. Le « nous » n’est pas une notion intellectuelle,  il ne peut s’incarner que si chacun lui sacrifie un espace personnel. Il s’agit, pour se faire, et d’un commun accord, de résister à toutes les manifestations de mauvaises consciences qui ne manqueront pas de s’inviter.

L’attaque peut venir de l’extérieur comme de l’intérieur : le travail qui déborde sur le temps libre, les parents qui imposent des dates de vacances chez eux pour organiser « Leur planning », l’enfant qui se glisse la nuit dans le lit conjugal…

 La bonne santé conjugale dépend de votre capacité à renoncer : votre capacité à dire « NON » ! Sachez que plus vous serez convaincus ensemble moins vous vous sentirez coupable. Pourquoi ? Parce que vous êtes deux à porter la décision ! Donc le poids en est de ce fait allégé jusqu’à disparaître.

Tout choix nécessite des renoncements.

N’oubliez pas que vos parents ont traversé les mêmes difficultés et que si ils sont, par bonheur, encore ensemble aujourd’hui c’est qu’ils ont privilégié leur couple. Cela marche aussi dans le cas contraire, vos parents, s’ils sont divorcés ont à entendre qu’en soit cela réduit naturellement le temps que vous pouvez leur consacrer.

N’hésitez pas à le leur rappeler ça peut aider !

Posez vous aussi la question de la place que vous donnez à votre enfant par rapport à votre conjoint : le mettre en première place c’est mauvais pour lui comme pour vous ! Si c’est le cas allez vite consulter un thérapeute car cela traduit un vide conjugal ! Quant au travail… les priorités sont à gérer ensemble : il s’agit là d’être honnête vis à vis de soi même et de faire la part entre l’ambition personnel et la sécurité financière du couple.

La société d’aujourd’hui véhicule des images d’Epinal de perfection sur ce qui définit la conjugalité et la parentalité. Les magasines nous abreuvent de trucs, recettes et tests en tout genre qui érige en modèle de ce que doit être le couple et la famille parfaite… en oubliant  de préciser que justement il ne s’agit que d’un leurre ! Par définition, étant des êtres vulnérables et imparfaits nous ne pouvons en aucun cas atteindre cet idéal !

Le couple conjugal, pilier structurant de notre société contemporaine, fonctionne comme une auberge espagnol : la qualité du repas dépend de ce que chacun choisit de partager. Le plus beau des cadeaux que l’on puisse offrir à son couple n’est il pas le temps que l’on s’accorde ensemble ?

Article publié par Marie-Francoise Terren dans Accueil & Rencontre en juillet 2018 (magazine de formation pour les encadrants de préparation au mariage catholique)